La préadolescence existe-t-elle ?

L’allongement de l’adolescence a donné lieu à de nombreuses études tant sociologiques, que psychologiques et économiques. Il n’en est pas de même, en France, sur la transition d’âge entre enfance et adolescence. Pourtant, les questionnements qui entourent l’anticipation de l’adolescence relèvent à la fois d’enjeux sociétaux, médicaux, institutionnels et économiques.

Depuis les années 1980 aux États-Unis et plus récemment en Europe, une nouvelle catégorie d’âge, les préadolescents, semble émerger. Or ce nouvel âge de l’enfance se construit dans un flou sémantique et une indétermination des bornes d’âges. Alors que les frontières sociales et biologiques de l’enfance sont mises en question, aucune définition stable ne s’affirme. A la croisée entre le médical (la question des pubertés anticipées), le marketing et la communication (la multiplication des produits à destination de cet âge), le social (l’impression d’une diminution de l’enfance), le culturel (l’apparition d’une « sub-culture tween »), l’institutionnel (intervention des politiques socio-éducatives) et le juridique (l’abaissement de l’âge de la responsabilité juridique), ce nouvel âge pose nombre d’enjeux aux sociétés contemporaines, quel que soit le continent.

La question des pubertés anticipées interroge le médical. Les concepteurs de produits nouveaux s’intéressent à ce marché. Les sociologues observent le développement d’une « sub-culture tween ». Les institutions cherchent à adapter leurs politiques socio-éducatives. L’abaissement de l’âge de la responsabilité légale pose des problèmes juridiques. Alors que les frontières sociales et biologiques de l’enfance sont mises en question, une définition stable de la préadolescence s’affirme-t-elle pour autant ?

Toutes ces questions demandent une problématisation et une approche capable de saisir l’expérience de la sortie de l’enfance et de l’entrée dans l’adolescence du point de vue des différents acteurs qui y sont impliqués : parents, professionnels de santé, de l’éducation, du marketing ou des médias, mais surtout du point de vue des enfants, de leurs manières de penser et d’agir, de leur capacité d’intervenir activement dans la société en se l’appropriant et contribuant à sa transformation.

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